KAROL WOJTYLA et les femmes

02/01/2013 17:39
Halina, Regina, Danuta,Irena…
(Religion / Biographie /pape)
 
Le 24 juin 1939, lors de la surprise-partie de fin d'année, toute la bande se retrouve dans l'appartement des parents d'une des filles, Anna Nawrocka, rue Siemiradzkiego. On boit du vin, on branche un phono­graphe, et l'on danse jusque fort tard. Karol n'était pas le dernier à danser, selon Maria Bobrownicka, « mais il prenait plus de plaisir à la conversation qu'à la danse ». Halina se rappelle : Karol était très séduisant, il avait une voix superbe, mais il était vraiment trop sérieux. À l'époque, nous organisions des soirées littéraires payantes, puis nous allions boire de l'hydromel avec l'argent gagné. Karol, lui, prenait sa part (deux zlotys) et rentrait chez lui ! Il n'était pas différent des autres garçons, il était, comment dire... à part. Très gai, il riait facilement, il aimait les blagues, il ne faisait la morale à personne. Il tenait toujours, curieusement, sa tête un peu baissée. Par timidité ? Non: plutôt par humilité, je crois. Il était tout sauf hautain. Quand je dis « à part », cela ne veut pas dire qu'il lui manquait quelque chose, bien au contraire : il était plus riche que nous.
Que l'adolescent Karol Wojtyla soit resté chaste pendant les années de lycée, cela n'a rien d'étonnant. Dans l'environnement social, familial et spirituel qui fut le sien, il y avait peu de place pour les aventures.
Certains de ses condisciples ont peut-être dérogé à la règle générale, et les expériences sexuelles devaient bien peupler les rêves des plus timi­des, comme dans tous les lycées du monde, mais professeurs et prêtres veillaient au grain. Et Lolek n'était pas concerné. Même dans le cadre du théâtre amateur, l’émotion était essentiellement esthétique, et les relations restaient pures - outre que les éducateurs et les parents, là aussi, surveillaient de près répétitions et spectacles : « S'il y avait eu la moindre histoire, je l'aurais su », a affirmé le père Edward Zacher, son préfet et confesseur.
Et ensuite ? Entre le moment où il s'installe à Cracovie, à dix-huit ans, et celui où il opte pour la vocation sacerdotale, à vingt et un ans passés ? Tous les témoignages - ceux des camarades de l'époque, ceux des amis auxquels il s'est confié plus tard - rapportent la même chose : il n'y a jamais eu de femme dans la vie de Karol Wojtyla. Halina, celle qui fut sans doute sa plus proche compagne, le confirme. Jean-Paul II en personne a écrit un jour au père Wladyslaw Kluz, un moine carmélite qui avait laissé planer une ambiguïté là-dessus dans son livre Czas Siezvu : « Qui vous a dit que j'avais commis des péchés graves dans ma jeu­nesse ? Cela ne s'est jamais produit »
Ce qui n'exclut pas que ce jeune homme en parfaite santé, ouvert et équilibré, n'éprouve pas quelque tentation. Alors qu'il est déjà prêtre, à trente-deux ans, il écrira dans le journal Tgodnik Rbzuszechny : « Nous savons tous d'expérience [sic] que l'instinct sexuel, en l'homme, est fort et vivace... » Et d'ajouter, à propos de la difficulté de trouver l'équilibre entre l'instinct et le plaisir : « Que cette tâche réclame de l'homme un effort réel, chacun le sait parfaitement d'expérience! » À André Fros­sard, qui lui posera délicatement la question de l’« amour humain », Jean-Paul II aura cette réponse : « Dans ce domaine, j'ai reçu plus de grâces que je n'ai eu de luttes à mener. Il y eut un jour où j'ai su de toute certitude que ma vie ne se réaliserait pas dans l'amour humain  »
 
 
Bernard LECOMTE  « Jean Paul II  pp.52-53