à mi chemin

13/11/2012 14:30

 

« Sans affection, pas de confiance,

    sans confiance, pas d’éducation »

                              DON BOSCO

 

 

 

 

A MI-CHEMIN

 

 

 

 

Nous avons parcouru la moitié du périple scolaire de l’année : j’ai effectué, en votre agréable compagnie, cette première partie en terre estairoise. Découvreur des facettes de notre quotidien, je prends peu à peu conscience des particularités de notre collège. Au fil des jours, je poursuis mon initiation…

A mi-chemin, l’envie me prend de vous confier quelques réflexions dont j’aimerais débattre avec vous lors d’un prochain forum.

 

Sommes nous un collège de « violence » ?

 

Je ne le pense pas. Bagarres, rixes et accrochages ont été très occasionnels. Il faut poursuivre la sensibilisation et accroître la responsabilisation de tous ; Des principes tels que « celui qui frappe a toujours tort, même s’il s’estime offensé » ou «  celui qui répond par la force  mérite une sanction d’égale sévérité » doivent être continuellement rabâchés. Ce sont des leit-motiv à ressasser lors des temps de vie de classe.

 

Sommes nous un collège de jeunes rebelles en crise ?

 

Quantitativement, les chiffres ne l’indiquent pas. Il y a, certes, quelques jeunes marqués par les affres d’un passé difficile, en carence affective douloureuse, issus ou victimes d’un milieu familial peu porteur voire néfaste. Ils attendent de nous tous considération et reconnaissance. Ils sont attentifs au plus petit témoignage d’intérêt. Au total, à l’heure des comptes, 3 renvois définitifs (Christophe, Amandine et Anthony) 18 renvois temporaires ( 2 des 3 définitifs sont inclus ) pour les motifs suivants : vol (9) incorrection (5) comportement général (2) non respect du contrat (1) dégradation (1). Au prorata de nos 443 élèves scolarisés et répartis en 22 classes, est ce vraiment critique ?


 

Sommes nous un collège d’accueil de TOUS les élèves ?

 

L’implantation de la SEGPA (et sa réussite) en parallèle avec d’autres classes composées d’éléments brillants intellectuellement fait de notre établissement le lieu d’accueil de TOUS, quelles que soient les potentialités. Il y a lieu de s’en féliciter. Chacun peut trouver au Sacré Cœur la chance de s’épanouir et de progresser en classe. On note l’adaptabilité, le dévouement et le professionnalisme du corps professoral. « No news, good news » ! aucune expression parentale de protestation vive, aucune critique virulente notable à l’encontre des professeurs. A l’évidence, il y a soit un savoir-faire reconnu, soit des familles qui font complètement confiance, ou plus plausible, beaucoup des deux ! L’heure semble à la satisfaction générale au cœur de la maison Sacré Cœur qui accueille tous les enfants dans la variété des capacités d’apprentissage.

Dans le collège qui s ‘adapte à tous, qu’en est il de l’accueil de tous les tempéraments, caractères et personnalités ? Le collège qui réussit est aussi celui qui peut porter le nom de « collège de la deuxième chance ». Ainsi, chaque fois que les conditions me semblent opportunes, que le sauvetage s’avère envisageable, je n’hésite pas à inscrire, même en cours d’année : je crois en l’éducabilité de chaque jeune. L’expérience m’a montré que le succès de cette pratique exige toutefois prudence et cohérence. Un jeune, scolarisé chez nous en cours d’année, fait l’objet d’un contrat d’accueil très strict qu’il s’engage à respecter de la manière la plus officielle. Tout écart de conduite donne lieu à une réaction disciplinaire immédiate et ferme. La deuxième chance se mérite.

 Le Sacré Cœur ne peut maintenir ses effectifs et assurer la garantie d’emploi sans l’accueil d’une population scolaire éloignée géographiquement qui bénéficie de notre internat : d’où ma détermination à travailler cette question, à placer nos pensionnaires dans de très bonnes conditions. Le Sacré Cœur ouvre ses portes largement mais mesure les dangers et ne lésine pas sur les moyens de précaution. Le Sacré Cœur n’hésite pas à réagir quand la seconde chance tourne à l’échec, quand le jeune refuse très ostensiblement d’évoluer positivement malgré les efforts conjugués de toute la Communauté éducative partenaire : accueil de TOUS, de niveaux scolaires et COMPORTEMENTAUX différents mais non sans user de garde-fous. Les derniers arrivés ont été admis à la suite d’un très long entretien explicatif et d’un dialogue très clair avec les parents. Un document qui nous autorise à prononcer l’exclusion définitive a été signé et approuvé. Le chef d’établissement du collège d’origine s’est engagé à reprendre le jeune si nécessaire, à la suite de son « essai d’interne »  de la « deuxième chance Sacré Cœur ».


Sommes nous un collège innovant ?

 

La réussite passe par la permanence d’une évaluation, par la mise en place constante de projets, par la remise en cause et la relecture de nos pratiques. Nous devons nous interroger sans relâche, refuser le poids des habitudes, vivre le renouveau d’un métier évolutif qui demande un travail sur nous mêmes.

 

Quelques pistes d’action pour nos jeunes :

 

  • éducation à la propreté, à l’hygiène et à la santé
  • éducation à la courtoisie, à la déférence, à la politesse
  • éducation affective
  • éducation au sens de l’effort
  • éducation à l’intériorité et au bonheur de croire

 

 Quelques pistes pour nous les adultes :

 

  • évolution du métier d’éducateur et formation continue à penser
  • prise en compte de chaque individu, intérêt porté sur chacun, accompagnement de la vie des jeunes
  • sens de l’initiative, propositions à formuler
  • éducation des parents dépassés

 

Nous n’avons pas encore construit le collège idéal. En cette année d’Assises de l’Enseignement Catholique, l’opportunité se présente pour faire le bilan et aller de l’avant. Je sais que je peux compter sur chacun d’entre vous. Il n’y a pas d’emploi mineur ni de fonction insignifiante. Femme de service, homme d’entretien, enseignant, surveillant ou directeur, nous sommes tous ENSEMBLE sur ce même bateau qui vogue au service des jeunes qui nous sont confiés. Gardons à l’esprit les mêmes objectifs et visons un même cap à atteindre : AIMER tous les jeunes qui nous entourent, les rendre heureux, épanouis et équilibrés.

 

 

 

Jean Pierre SEPIETER

12/02/01