été 2004

13/11/2012 14:07

 

Eté 2004

 

Du  MAROC au  SENEGAL

 

J’habitais le boulevard OUM ARRABIA. C’est important de bien rouler les r pour être compris du chauffeur du petit taxi rouge quand il vous ramène à la maison. Mon appart est bien installé : à la marocaine entre les tapis, banquettes et lustres de cristal, j’y regarde la télé locale qui copie mal les programmes de France et j’y entends les bruits de la rue. A deux pas c’est le parking gardé pour la nuit où s’entassent vélos et mobylettes et ma seule désolation est de constater que la voirie demeure inorganisée : poubelles entassées, immondices en pleine rue, dans un quartier qui veut se tourner pourtant vers l’architecture moderne et occidentale.

Le chauffeur vous demande en général 18 dirhams pour le centre ville et la course dure quasiment la demi heure.

Dans l’habitacle je m’amuse à l’interroger sur sa femme, ses enfants, l’islam etc.…D’ailleurs je parle avec tous : le serveur du café, le  vieux cordonnier, les enfants et les vendeurs de figues.

Certains pigent assez bien d’autres pas un mot. Le musulman moderne aime le confort qui coûte cher, il n’a plus les moyens ou ne se les donne plus d’assurer une grande famille. Il aime le loisir… et le luxe… et pourquoi pas…l’alcool !

Au centre de Casa j’aime la vieille poste coloniale aux décors kitsch, les vitraux et les comptoirs de marbre.

Je découvre  aussi la banque DEL magrib imposante et vaste.

Je suis triste de voir fermée la vieille cathédrale blanche que l’on a transformée en centre culturel.

Au marché central on achète les épices et toutes denrées. Le miel d’euphorbe est recommandé pour le diabète ainsi que l’infusion d’armoise. J’aime le vieux quartier français bâti à la coloniale ou tous les noms de rue chantent la France ainsi que les enseignes des commerces.

Je goûte à la viande de chameau en compagnie des amis de mon Junior. On s’achète quelques morceaux et on paie le restaurateur à… 40 Kms pour la cuisson et l’accompagnement. Parait que c’est plus fort que le cheval. Conséquences ?

Chaque matin je suis au bar » Rive d’or « ou je prends mon petit dej pour 21 dh avec jus d’orange pressé- frais et grille de mots fléchés dans le Matin.

Je passe une journée au CAFC (amitié franco casawi et piscine magnifique…bon resto)

Je suis allé voir TROIE au ciné mais les spectateurs entraient à tout moment pour vivre intimes caresses et embrassades chaleureuses. Projections variées.

Sur la corniche, c’est la Californie : plages privées, mac do, cinés climatisés mégarama et fils à papa…

Au MIAMI 4 piscines d’eau de mer. Le dernier chic, c’est de se baigner en short en prenant soin de laisser sortir le slip dont la marque à la mode  doit dépasser le niveau de la ceinture.

A la réception inter club du Rotary je me retrouve en soirée privée chez les Betaleb dans le quartier ANFA… chic  chic rue du grenadier, (mon «  humble » demeure dit l’hôtesse) entre le Johnny qui coule, les chawarma du traiteur et les gens très bien de la ville au son de l’orchestre traditionnel qui joue trop fort. Echange de fanions, belle prestation. sympathie rotarienne.

Apres la visite de son bureau au 4 rue Jean Bouin Me  Filali Hassoun Abderrahman l’avocat de la ville, ancien commissaire des scouts marocains (il décora en son temps le jeune scout Mohamed 6) me conduit à la mosquée de Hassan (superbe édifice de marbre- un bijou de jade  vert dressé sur la mer), visite du quartier Habous puis repas au Toscana  quartier Racine (gastronomie italienne mieux qu’en Italie)

Au cyber je découvre les joies de la messagerie lointaine et l’appétence marocaine pour le monde extérieur, celui qu’on voudrait tant visiter mais il faut une invitation de l’étranger.

Voyage en car, 4 heures de clim  CTM pour rejoindre la cité impériale de FES.

Fès  où je retrouve la maison de Rencontre face à l’hôtel Batha. Antoine qui deviendra ingénieur ICAM demeure le concierge de la boutique. Je l’aime bien .Je parcoure avec lui  les ruelles de la médina et taquine les vendeurs avec mes maigres connaissances de l’arabe .Après un rapport de 4 pages et quelques saveurs gastronomiques chinoises, on repart à Meknés. Grand taxi je prends les 2 places à l’avant.

 La piscine de l’hôtel IBIS reste très chouette. Le patron est l’ami de Sabik, ça aide. Un bon resto : LE FOUR  pizza très correcte.

Mon jeune ami coiffeur Mohamed Messaoueri aimerait terminer sa formation en France. On en parle à l’Hacienda dans le quartier des Loukili .

Je passe 4 nuits très confortables chez eux sans les voir, ils sont en voyage mais la douce seconde maman de Sallah lave mon linge et refait le lit. Je suis un pacha  soigné…

Dans les rues c’est le tumulte des immatriculations françaises : J’ai réussi en Europe, j’ai du fric et je le montre.

Retour précipité à Casa et je rate l’avion…erreur de lecture.

Difficile de prendre le suivant et longue journée de tractations. Je connais l’aéroport de CASA dans ses moindres recoins. je ferais le guide parfait.

 

Arrivée à 3 h 20 du matin à Dakar où m’attend Alfred Quenum pour m’installer dans la villa Allemagne (drôle de nom) au cœur du Cours Privé Ste Marie.  Le patron,V E  Cabrita (VEC) est parti mais il a laissé ses directives. Je suis logé dans un immense appart avec table de conférences et mobilier de salon.

On tourne une émission de télé sénégal dans le collège. Sont en compétition les 9 gamins et gamines  meilleurs sélectionnés des 11 régions du sénégal. Je sympathise avec l’équipe de Tombacounda qui ne me quittera plus. Il y a aussi Mbaye Fall qui est de Diourbel, humour à revendre.

 On visite Gorée tous ensemble, la « chaloupe » est pleine. Je suis le seul blanc à la maison des esclaves devant un groupe de 120 noirs. (La traite négrière c’est moi ? On me propose même de jouer le rôle du blanc dans le sketch interprété pour la télé !) Invité à partager le repas sur la place publique au milieu de tous les compétiteurs de GER BI qui m’ont adopté.

Sieste et prières musulmanes.

Jo N’diaye reste égal à lui-même, un grand monsieur défenseur de la cause des noirs et du patrimoine. Chapeau au conservateur qui conserve  et se conserve bien.

Chaque jour les jeunes s’ennuient en attendant le tournage dans l’amphi surchauffé en soirée. Ce jeu de « la tête et les jambes «  est d’une simplicité extraordinaire (ex : que veut dire : ONG ?) Les animateurs sont coincés. L’émission passera la dimanche après midi pendant 15 semaines ! Les pauvres…

Lamine Diallo et monsieur BA deviennent mes accompagnateurs peuls pour les sorties en ville. J’ai mon peul nord et mon peul sud, bien protégé de la nuée des petits vendeurs et des talibé qui m’énervent à mendier, sales et exploités par leur marabouts.

Je pousse des « dédé » (NON) ou des « dérédiouf » (merci) pour faire semblant de parler le meilleur wolof et les écarter. On peut aussi cliquer deux fois de la langue sur le palais inférieur, cela produit le même effet négatif.

Piscine de l’hôtel Indépendance : vue au 17ème étage sur tout Dakar.

Messe à la cathédrale, salut les anges peules.

Visite du lac Rose où arrive le Paris Dakar et cueillette de sel.

Se faire raser par un cap verdien rue Thiong pour 1500 FCFA, c’est un programme de 30 minutes et un plaisir qu’on s’offrirait tous les jours.

Manger des morceaux de mangues dans la rue,

Visiter la pâtisserie climatisée de marbre du libanais (la galette), c’est Fauchon à Dakar.

Le poulet yassa au citron et le Tibou dien sont des recettes fabuleuses.

Avec un gris de Guérouanne, cela fait souvenir du Maroc…

Devant le cours Ste Marie, le petit vendeur de Casamance qui gagne 5000FCFA par mois.

Quelques cigarettes à l’unité, un bonbon ou deux, un fruit, le commerce est bien faible pour le jeune. Dans le bar voisin tenu par un catho, on sert le pastaga pur à toute heure et la grosse gazelle de 60 cl s’avale facilement devant la télé qui diffuse un mauvais film des années 60.

On est dans le quartier de la compagnie électrique et on vit  sous les lignes à haute tension.

Le libanais vient d’ouvrir sa supérette » le caddie » et vend des jetables. Je vais tirer les photos de Ste Marie, de ses monuments, ses (150 ?) citations sur les murs, ses œuvres d’art en plein air. Le plus bel établissement scolaire au monde Prix d’éducation de la paix de l’UNESCO.

Pour un éducateur, le summum !il me faut l’après midi entier pour tirer photos et recopier les citations. Un bonheur.

Athanase est devenu mon majordome. Je lui offre quelques vêtements mais il ignore encore à quoi sert un… entoblanc. Humour noir ?

Avec Alfred je découvre le resto chinois  du beauf viet et on passe de belles soirées à préparer un pélé sénégalais pour Bipel Jeffredo.

Les stars de la télé nous quittent, arrivent les colons de vacances burkinabé.

Négociations pour ma facture. Certes 40000 pour 7 nuits, tarif super économique mais en Afrique faut vérifier et négocier, tous ceux qui en ont l’occasion en profitent, on connaît la chanson du tam tam…

Retour sur Bruxelles, nuit de vidage de valise et départ vers la mairie de St Hilaire du Harcouet pour ce mariage judéo chrétien et médiéval de Laurence et Romain.

Ils sont beaux. Ils méritent le bonheur. C’est original, intelligent et magnifique.